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jura un municipal d’aller s’informer de la santé de sa fille malade, et de porter à la reine et à sa sœur les souhaits interceptés d’un prisonnier. Jusqu’au 16 janvier rien ne changea dans l’habitude des journées du roi, si ce n’est que M. de Malesherbes se présenta inutilement à la porte de la tour. M. de Malesherbes, dans ces différentes tentatives pour revoir le roi, était accompagné d’un jeune royaliste qu’un généreux attrait vers le malheur entraîna de bonne heure, et qui fut depuis, dans de meilleurs jours, le ministre et le conseiller austère de la monarchie des Bourbons, qu’il voulait réconcilier avec la liberté. Ce jeune homme se nommait Hyde de Neuville ; il donnait le bras à M. de Malesherbes et soutenait ses pas chancelants quand le vénérable défenseur de Louis XVI se rendait au Temple ou à la Convention.

Le prince passait ses heures à lire l’histoire d’Angleterre et surtout le volume qui contenait le jugement et la mort de Charles I, comme s’il eût cherché à se consoler en retrouvant sur le trône un second exemple de ses infortunes, et comme s’il eût voulu s’exercer à la mort et modeler ses derniers moments sur ceux d’un roi décapité.


XXI


Pendant ces jours où rien du dehors ne pénétra dans sa prison, les deux partis qui se disputaient la Convention continuèrent de s’entre-déchirer en se disputant sa vie.