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bras de Desèze. Il pressa les mains de son défenseur dans les siennes, essuya son front avec son mouchoir et chauffa lui-même la chemise destinée à remplacer celle que la sueur de cinq heures de tribune avait trempée sur le corps de Desèze. Dans ces soins familiers, que relevaient sa situation et son rang, le roi semblait oublier que sa propre vie s’agitait dans le tumulte de la salle voisine. On entendait le murmure continu et les éclats de voix qui partaient de l’enceinte de la Convention, sans pouvoir distinguer les paroles ni préjuger les résultats de la délibération. L’attention avec laquelle Desèze avait été écouté, les physionomies apaisées et les dispositions plus favorables de l’opinion publique qui se révélaient depuis quelques jours dans les théâtres et dans les lieux publics, rendaient quelque lueur d’espoir à Louis XVI. La rapidité avec laquelle son cortège le ramena cette fois au Temple en évitant les quartiers populeux fit penser au roi que ses amis veillaient. Le lendemain, un commissaire, nommé Vincent, qui ne cherchait dans ses fonctions que des occasions d’adoucir la rigueur du sort des prisonniers., se chargea de porter secrètement à la reine un exemplaire imprimé du plaidoyer de Desèze. Rentré au temple, le roi, qui n’avait rien à offrir, détacha sa cravate et la donna à son avocat.

Le 1er janvier, à son réveil, Cléry s’approcha du lit de son maître et lui offrit à voix basse ses vœux pour la fin de ses malheurs. Le roi reçut ces vœux avec attendrissement, et leva les yeux au ciel en se souvenant des jours où ces mêmes hommages, murmurés aujourd’hui tout bas par le seul compagnon de son cachot, lui étaient apportés par tout un peuple dans les galeries de ses palais. Il se leva, parut prier avec plus de ferveur qu’à l’ordinaire, et con-