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Aux premiers mots qu’il prononce « Nous ne voulons pas d’opinion à la Pétion, lui crie Duhem. — Nous n’avons pas besoin de ses leçons, ajoute Legendre. — A bas le roi Jérôme Pétion ! » hurlent ces mêmes tribunes, qui quatre mois auparavant proclamaient Pétion le roi du peuple.

Barbaroux, Serres, Rebecqui, Duperret, tous les jeunes députés amis de Roland s’élancent vers les bancs de la Montagne, d’où partent les apostrophes contre Pétion. Les gestes, les menaces, les invectives, s’entre-choquent : « Nous en appelons au peuple ! Nous en appelons aux départements ! Lâches ! brigands ! assassins ! royalistes ! » Les mots ne suffisent plus à l’explosion des colères ; les attitudes achèvent les mots. Le président se couvre en signe de détresse de l’Assemblée. La Convention s’étonne, le silence renaît.


XIX


Pétion reprend : « Est-ce ainsi, citoyens, que se traitent les grands intérêts d’un empire ? Est-ce ainsi que, pour des différences d’opinion entre nous, nous nous traitons mutuellement d’ennemis de la liberté, de royalistes ? N’avons-nous pas juré tous que nous n’aurions plus de roi ? Quel est celui qui fausserait ses serments ? Qui voudrait un roi ? Nous n’en voulons pas ! — Non, non, personne ! jamais ! s’écrié en se levant la Convention tout entière. Le duc d’Orléans, au milieu d’un groupe de députés de la Montagne, prolonge plus longtemps que ses collègues ce ser-