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vers la tribune et menacent le président. Julien s’empare de la tribune aux applaudissements de la Montagne. « On veut nous dissoudre, dit Julien, soutenu par les signes de tête de Robespierre et par les gestes de Legendre et de Saint-Just. — Oui, mais c’est vous ! lui crie Louvet. — On veut dissoudre la république, reprend Julien, en attaquant la Convention dans ses bases. Mais, nous, les amis du peuple, nous avons juré de mourir pour la république et pour lui. (La Montagne applaudit.) J’habite les hauteurs, poursuit Julien en montrant de la main les bancs élevés du côté gauche, elles seront les Thermopyles du peuple ! — Oui, oui, nous y mourrons tous ! » répondent en masse et en se levant, la main tendue vers Julien, les députés qui siégent sur la Montagne. Julien accuse le président de partialité et de connivence avec Malesherbes. Le président se justifie. L’ordre se rétablit. Quinette présente un projet de décret qui règle le mode de jugement du roi. Camille Desmoulins, Robespierre, demandent à combattre ce projet.

Couthon se fait porter à la tribune. « Citoyens, dit-il, Capet est accusé de grands crimes ; dans ma conscience, il est convaincu. Accusé, il faut qu’il soit jugé ; car il est dans la justice éternelle que tout coupable soit condamné. Par qui sera-t-il jugé ? Par vous, car la nation vous a constitués en grand tribunal d’État. Vous n’avez pu vous créer juges, mais vous l’êtes par la volonté suprême du peuple. » Salles veut parler dans le sens de Lanjuinais ; le tumulte couvre sa voix. « Je déclare, s’écrie Salles, qu’on nous fait délibérer sous le couteau ! »

Pétion, repoussé trois fois par les vociférations de la Montagne et par les apostrophes de Marat, qui s’élance pour l’arracher de la tribune, parvient à se faire entendre.