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Je prie ma sœur de continuer sa tendresse à mes enfants, et de leur tenir lieu de mère s’ils avaient le malheur de perdre leur mère véritable… Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu’elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrais lui avoir donnés dans le cours de notre union ; comme elle peut être sûre que je n’emporte rien contre elle, si elle croyait avoir quelque chose à se. reprocher.

» Je recommande bien à mes enfants, après ce qu’ils doivent à Dieu, qui passe avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère, reconnaissants de toutes les peines qu’elle prend pour eux et en mémoire de moi… Je les prie de regarder ma sœur comme une seconde mère…

» Je recommande à mon fils, s’il avait le malheur de devenir roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, qu’il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommément ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j’éprouve. Qu’il se souvienne qu’on ne peut faire le bonheur du peuple qu’en régnant suivant les lois ; mais en même temps qu’un roi ne peut faire respecter les lois et opérer le bien qui est dans son cœur qu’autant qu’il a en main l’autorité nécessaire, et qu’autrement, étant contrarié dans ses actes et n’inspirant pas de respect, il est plus nuisible qu’utile !… Qu’il songe que j’ai contracté une dette sacrée envers les enfants de ceux qui ont péri pour moi et de ceux qui sont malheureux à cause de moi !… Je lui recommande MM. Hue et Chamilly, que leur véritable attachement pour moi avait portés à s’enfermer dans ce triste séjour. Je lui recommande aussi Cléry, des soins duquel j’ai à me louer depuis qu’il est avec moi ; comme c’est.