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pensées et à qui je puisse m’adresser, je déclare ici, en sa présence, mes dernières volontés et mes sentiments. Je laisse mon âme à Dieu mon créateur. Je le prie de la recevoir dans sa miséricorde. Je meurs dans la foi de l’Église et dans l’obéissance d’esprit à ses décisions. Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés. J’ai cherché à les reconnaître scrupuleusement, à les détester et à m’humilier devant lui… Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés involontairement (car je ne me souviens pas d’avoir fait sciemment aucune offense à personne) de me pardonner le mal qu’ils croient que je puis leur avoir fait… Je prie tous ceux qui ont de la charité d’unir leurs prières aux miennes… Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont faits mes ennemis, sans que je leur en aie donné aucun motif, et je prie Dieu de leur pardonner, de même qu’à ceux qui, par un faux zèle ou par un zèle mal entendu, m’ont fait beaucoup de mal… Je recommande à Dieu ma femme et mes enfants, ma sœur, mes tantes, mes frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang ou de quelque autre manière que ce puisse être. Je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants, ma sœur, qui souffrent depuis longtemps avec moi ; de les soutenir par sa grâce s’ils viennent à me perdre et tant qu’ils resteront dans ce monde périssable…

» Je recommande mes enfants à ma femme ; je n’ai jamais douté de sa tendresse pour eux. Je lui recommande surtout de ne leur faire regarder grandeurs de ce monde, s’ils sont condamnés à les éprouver, que comme des biens dangereux et passagers, et de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de l’éternité…