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révéla à Cléry le sens de ces paroles. Le serviteur attendri se tut pour ménager la sensibilité d’un père. « C’est le jour, poursuivit le roi, où naquit ma fille ! Aujourd’hui, son jour de naissance ! être privé de la voir ! » Des larmes roulèrent sur son pain. Les municipaux, muets et attendris, semblèrent respecter ce souvenir des jours heureux qui traversait la prison comme pour la rendre plus sombre.


XIII


Le lendemain, Louis se renferma seul dans son cabinet, et il écrivit longtemps. C’était son testament, suprême adieu à l’espérance. De ce jour, il n’espéra plus que dans l’immortalité. Il léguait en paix tout ce qu’il avait à léguer dans son âme sa tendresse à sa famille, sa reconnaissance à ses serviteurs, son pardon à ses ennemis. Après cet acte, il parut plus calme. Il avait signé en chrétien la dernière page de sa destinée.

« Moi, disait en termes textuels mais plus étendus cette confession posthume où l’homme semble parler d’une autre vie, moi, Louis XVI du nom, roi de France, renfermé depuis quatre mois avec ma famille dans la tour du Temple, à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque depuis onze jours, même avec ma famille ; impliqué de plus dans un procès dont il est impossible de prévoir l’issue, à cause des passions des hommes ; n’ayant que Dieu pour témoin de mes