Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par un confident de Robespierre et de Saint-Just, survivant de ces temps sinistres, prouve la justesse de ces conjectures sur la part de Robespierre dans l’exécution des journées de septembre.


IV

En ce temps-là Robespierre et le jeune Saint-Just, l’un déjà célèbre, l’autre encore obscur, vivaient dans cette intimité familière qui unit souvent le maître et le disciple. Saint-Just, mêlé au mouvement du temps, suivait et devançait de l’œil les crises de la Révolution, avec la froide impassibilité d’une logique qui rend le cœur sec comme un système et cruel comme une abstraction. La politique était à ses yeux un combat à mort, et les vaincus étaient des victimes. Le 2 septembre, à onze heures du soir, Robespierre et Saint-Just sortirent ensemble des Jacobins, harassés des fatigues de corps et d’esprit d’une journée passée tout entière dans le tumulte des délibérations et grosse d’une si terrible nuit.

Saint-Just logeait dans une petite chambre d’hôtel garni de la rue Sainte-Anne, non loin de la maison du menuisier Duplay, habitée par Robespierre. En causant des événements du jour et des menaces du lendemain, les deux amis arrivèrent à la porte de la maison de Saint-Just. Robespierre, absorbé par ses pensées, monta, pour continuer l’entretien, jusque dans la chambre du jeune homme. Saint--