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Ducos, frappaient du pied la tribune pour en faire sortir des défenseurs de la patrie. On votait des hommes, des chevaux, des armes, des réquisitions. Danton entra dans la salle à la tête de ses collègues, et monta à la tribune avec l’attitude d’un homme qui porte une solution dans sa tête. Le silence de l’attente s’établit à son aspect.

« Le pouvoir exécutif, dit-il, me charge d’entretenir l’Assemblée nationale des mesures qu’il a prises pour le salut de l’empire. Je motiverai ces mesures en ministre du peuple, en ministre révolutionnaire. L’ennemi menace le royaume, mais l’ennemi n’a pas pris Longwy. On exagère nos revers. Cependant nos dangers sont grands. Il faut que l’Assemblée se montre digne de la nation. C’est par une convulsion que nous avons renversé le despotisme, ce n’est que par une grande convulsion nationale que nous ferons rétrograder les despotes ! Jusqu’ici nous n’avons fait que la guerre simulée de la Fayette ; il faut faire une guerre plus terrible. Il est temps de pousser le peuple à se précipiter en masse sur ses ennemis ! On a jusqu’à ce moment fermé les portes de la capitale, et l’on a bien fait : il était important de se saisir des traîtres ; mais y en eût-il trente mille à arrêter, il faut qu’ils soient arrêtés demain, et que demain, à Paris, on communique avec la France entière ! Nous demandons que vous nous autorisiez à faire des visites domiciliaires. Que dirait la France si Paris, dans la stupeur, attendait immobile l’arrivée des ennemis ? Le peuple français a voulu être libre, il le sera. » Le ministre se tait. L’Assemblée s’étonne ; le décret passe. Danton sort et court au conseil général de la commune, préparé à l’obéissance par ses confidents. Il demande au conseil de décréter séance tenante les mesures nécessaires au coup d’État national dont le pou-