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toyens, il les faisait arrêter ; il remplissait les prisons ; il exerçait la police générale de l’empire, il disciplinait et perpétuait en lui l’insurrection ; il était la conjuration en permanence, modèle de l’institution de tyrannie qu’exerça depuis le comité de salut public. Danton, s’appuyant à la fois sur son pouvoir légal de ministre de la justice au conseil exécutif et sur son pouvoir populaire dans le comité de surveillance de la commune, donnait à ses ordres, comme ministre, la force de l’insurrection, et à l’insurrection la force de la loi. C’était le consulat de Catilina. Rien ne pouvait lui résister. Si cet homme rêvait un crime, ce crime devenait un acte du gouvernement. Lorsqu’il n’en méditait pas, il soufrait du moins qu’on les préparât dans l’ombre autour de lui. Il renouvelait à dessein les membres du comité, pour que le moment de l’exécution ne trouvât pas dans la conscience d’un seul de ses hommes plus de scrupule et plus d’hésitation que dans la sienne. Il laissa, dès le 29 août, éclater quelques symptômes significatifs de sa pensée devant l’Assemblée nationale.


XX

C’était à la séance de nuit. L’Assemblée, ébranlée par le contre-coup des nouvelles de la frontière, cherchait à prendre mesures sur mesures pour égaler le dévouement aux dangers. Les motions succédaient aux motions. Vergniaud, Guadet, Brissot, Gensonné, Lasource, Chambon,