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de Danton, fait supposer que ce ministre résistait encore lui-même aux instigations de Marat et de son parti, qui le poussaient aux crimes de septembre. Ainsi, après quatorze jours d’un triomphe remporté en commun sur le trône, l’Assemblée en était réduite à porter à la commune et au peuple le défi de l’assassinat. Elle rendit le lendemain le décret de déportation de tous les prêtres qui avaient refusé ou rétracté le serment à la constitution civile du clergé.


XVIII

La prise de Longwy suspendit un moment la lutte entre l’Assemblée et la commune, et la remplaça par une rivalité de sacrifices au danger de la patrie. Jacobins, Girondins, Cordeliers, votèrent à l’envi les levées extraordinaires de troupes, les armes, les équipements, les canons réclamés par les circonstances. Un cri d’indignation s’éleva contre le commandant de Longwy. Vergniaud proposa le décret de peine de mort contre tout citoyen d’une ville assiégée qui parlerait de se rendre. Luckner fut remplacé à l’armée de Metz par Kellermann.

Kellermann, passionné pour les armes et pour la liberté, avait conquis ses grades dans la guerre de Sept ans. Jeune, il avait pris en Allemagne l’expérience des vieux capitaines et les leçons de Frédéric. La Révolution l’avait trouvé colonel et l’avait fait général. Attaché à l’armée de Luckner, il avait conquis l’affection des troupes. L’hésitation du gé-