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XII

Le 20, l’armée investit la forteresse de Longwy. Le bombardement, commencé dans la nuit du 21, et interrompu par un orage où le feu et les torrents du ciel éteignirent le feu des assiégeants, reprit le lendemain. Trois cents bombes tombées dans la place et quelques maisons incendiées déterminèrent le commandant Lavergne à une capitulation qui commençait la campagne par une honte. La désertion de La Fayette annoncée en même temps aux coalisés enfla leur cœur d’une double joie. Si le duc de Brunswick eût profité de cet élan de l’armée et de ces avances de la fortune pour opérer avec promptitude sur la frontière centrale, rien ne pouvait l’arrêter que les murs de Paris. Laissant quelques milliers d’hommes devant Thionville, il pouvait se jeter avec une masse imposante sur l’armée de La Fayette privée de son général et non encore ralliée sous la main de Dumouriez ; cette armée, désorganisée et écrasée par le nombre, tombait devant lui. Ou bien il pouvait s’emparer, avant Dumouriez, des défilés de l’Argonne, seule barrière naturelle entre la Marne et Paris, et fondre sur la capitale avant que le patriotisme des départements l’eût couverte d’un rempart de volontaires. Le duc de Brunswick ne prit ni l’un ni l’autre de ces partis et ne parla que de prudence et de tâtonnements, à l’heure où la seule prudence était la témérité. Ou le duc de Bruns-