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Dillon, il continua sa marche et se porta devant Stenay pour y renouveler lui-même la démonstration d’une attaque contre Clairfayt. Il campa deux jours en face de ce général, comme pour lui offrir la bataille, pendant que Dillon gagnait le défilé des Islettes, où il jeta enfin l’avant-garde le 3 septembre. Clairfayt resta immobile. Les différents corps de Dumouriez prirent position aux défilés qui leur avaient été assignés. Lui-même, tournant tout à coup sur sa droite, entra avec les quinze mille hommes qui formaient son centre dans le défilé de Grandpré. Il y assit son camp entre l’Aire et l’Aisne, deux rivières qui formaient l’enceinte devant et derrière lui ; son artillerie en arrière et au-dessus du camp, au village de Senuc ; son avant-garde, sous l’intrépide colonel Stengel, en avant de l’Aire, avec une retraite assurée par deux ponts qui la rattachaient au camp. La disposition du camp de Grandpré était telle que, pour le forcer, l’ennemi devait d’abord culbuter tous les postes défendus par une formidable avant-garde, passer la rivière d’Aire sans ponts, et déboucher enfin dans un bassin découvert et resserré, sous le triple feu du château de Grandpré, de l’artillerie de position du village de Senuc, et enfin des pièces de canon qui couvraient le front du camp. Gardien de cette route de feu qu’il fallait franchir pour pénétrer au cœur de la France, Dumouriez attendit que la France se levât derrière lui.