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enfants, vint s’enivrer aux Cordeliers des applaudissements des conjurés de Charenton, et imprimer à ses complices l’attitude, le ton, la volonté du moment.

Marat lui-même sortit du souterrain où il était enfermé depuis quelques jours. Aux cris de victoire, il s’élança dans la rue à la tête d’un groupe de ses fanatiques et d’une colonne de fédérés de Brest. Il se promena dans Paris un sabre nu à la main et une couronne de laurier sur la tête. Il se fit proclamer commissaire de sa section au nom de ses haillons, de ses cachots et de ses fureurs. Il se transporta avec ces mêmes satellites à l’imprimerie royale, et s’empara des presses, qu’il ramena chez lui comme la dépouille due à son génie.

Tallien, Collet d’Herbois, Billaud-Varennes, Camille Desmoulins, tous les chefs des Jacobins ou des Cordeliers, tous les agitateurs, toutes les têtes, toutes les voix, toutes les mains du peuple se précipitèrent à la commune, et firent d’un conseil municipal le gouvernement provisoire d’une nation. À ces hommes vinrent s’adjoindre Fabre d’Églantine, Osselin, Fréron, Desforgues, Lenfant, Chénier, Legendre. Ce conseil provisoire de la commune fut le germe de la Convention. Il prit son rôle, il ne le reçut pas ; il agit dictatorialement.