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n’est pas en leur puissance ; que, souillée de sang, mais victorieuse, elle trouverait un empire et des défenseurs invincibles dans les départements. Mais la ruine de Paris, la division en gouvernements fédératifs qui en serait le résultat, tous ces désordres plus probables que les guerres civiles dont on nous a menacés ne méritent-ils pas d’être mis dans la balance où vous pesez la vie de Louis ? En tout cas, je déclare, quel que puisse être le décret rendu par la Convention, que je regarderai comme traître à la patrie celui qui ne s’y soumettra pas. Que si en effet l’opinion de consulter le peuple l’emporte et que des séditieux, s’élevant contre ce triomphe de la souveraineté nationale, se mettent en état de rébellion, voilà votre poste ; voilà le camp où vous attendrez sans pâlir vos ennemis. »

Ce discours parut un moment avoir arraché à la Convention la vie de Louis XVI.

Fauchet, Condorcet, Pétion, Brissot, séparèrent avec la même générosité l’homme du roi, la vengeance de la victoire, et firent entendre tour à tour des accents dignes de la liberté. Mais le lendemain de ces harangues la liberté n’écoutait plus rien que ses terreurs et ses ressentiments. Les plus sublimes discours ne retentissaient que dans la conscience de quelques hommes calmes. La foule étouffait la raison. Revenons au Temple.


FIN DU TOME TROISIÈME DES GIRONDINS.