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Charles Ier sur l’échafaud, il fit au parlement, qu’il voulait ruiner, des propositions insidieuses qu’il savait bien devoir révolter la nation, mais qu’il eut soin de faire appuyer par des applaudissements soudoyés et par de grandes clameurs. Le parlement céda ; bientôt la fermentation devint générale, et Cromwell brisa sans effort l’instrument dont il s’était servi pour arriver à la suprême puissance.

» N’entendez-vous pas tous les jours, dans cette enceinte et dehors, des hommes crier avec fureur : « Si le pain est cher, la cause en est au Temple ; si le numéraire est rare, si nos armées sont mal approvisionnées, la cause en est au Temple ;  : si nous avons à souffrir chaque jour du spectacle du désordre et de la misère publics, la cause en est au Temple ? » Ceux qui tiennent ce langage savent bien cependant que la cherté du pain, le défaut de circulation des subsistances, la disparition de l’argent, la dilapidation dans les ressources de nos armées, la nudité du peuple et de nos soldats, tiennent à d’autres causes. Quels sont donc leurs projets ? Qui me garantira que ces mêmes hommes ne crieront pas, après la mort de Louis, avec une violence plus grande encore : « Si le pain est cher, si le numéraire est rare, si nos armées sont mal approvisionnées, si les calamités de la guerre se sont accrues par la déclaration de l’Angleterre et de l’Espagne, la cause en est dans la Convention, qui a provoqué ces mesures par la condamnation précipitée de Louis XVI ? » Qui me garantira que, dans cette nouvelle tempête où l’on verra sortir de leurs repaires les tueurs du 2 septembre, on ne vous présentera pas, tout couvert de sang et comme un libérateur, ce défenseur, ce chef que l’on dit être devenu si nécessaire ? Un chef ! Ah ! si telle était leur audace, ils ne paraîtraient que