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hommes qui appellent les poignards contre les représentants de la nation et l’insurrection contre les lois. Ils veulent la guerre civile, les hommes qui demandent la dissolution du gouvernement, l’anéantissement de la Convention ; ceux qui proclament traître tout homme qui n’est pas à la hauteur du brigandage et de l’assassinat. Je vous entends, vous voulez régner. Votre ambition était plus modeste dans la journée du Champ de Mars. Vous rédigiez alors, vous faisiez signer une pétition qui avait pour objet de consulter le peuple sur le sort du roi ramené de Varennes. Il ne vous en coûtait rien alors pour reconnaître la souveraineté du peuple. Serait-ce qu’elle favorisait vos vues secrètes et qu’aujourd’hui elle les contrarie ? N’existe-t-il pour vous d’autre souveraineté que celle de vos passions ? Insensés ! avez-vous pu vous flatter que la France avait brisé le sceptre des rois pour courber la tête sous un joug aussi avilissant ?…

» Je sais que dans les révolutions on est réduit à voiler la statue de la loi qui protége la tyrannie qu’il faut abattre. Quand vous voilerez celle qui consacre la souveraineté du peuple, vous commencerez une révolution au profit de ses tyrans. Il fallait du courage au 10 août pour attaquer Louis dans sa toute-puissance ! en faut-il tant pour envoyer au supplice Louis vaincu et désarmé ? Un soldat cimbre entre dans la prison de Marius pour l’égorger ; effrayé à l’aspect de sa victime, il s’enfuit sans oser la frapper. Si ce soldat eût été membre d’un sénat, pensez-vous qu’il eût hésité à voter la mort du tyran ? Quel courage trouvez-vous à faire un acte dont un lâche serait capable ? (Immense applaudissement.)

» J’aime trop la gloire de mon pays pour proposer à la