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que l’on prévoyait, on a eu recours au plus vil, au plus lâche des moyens : la calomnie. On nous assimile aux Lameth, aux La Fayette, à tous ces courtisans du trône que nous avons tant aidé à renverser. On nous accuse ; certes je n’en suis pas étonné ; il est des hommes dont chaque souffle est une imposture, comme il est de la nature du serpent de n’exister que pour distiller son venin ; on nous accuse, on nous dénonce, comme on faisait le 2 septembre, au fer des assassins ; mais nous savons que Tibérius Gracchus périt par les mains d’un peuple égaré qu’il avait constamment défendu. Son sort n’a rien qui nous épouvante, tout notre sang est au peuple. En le versant pour lui, nous n’aurons qu’un regret : c’est de n’en avoir pas davantage à lui offrir.

» On nous accuse de vouloir allumer la guerre civile dans les départements, ou du moins de provoquer des troubles dans Paris, en soutenant une opinion qui déplaît à certains amis de la liberté. Mais pourquoi une opinion exciterait-elle des troubles dans Paris ? Parce que ces amis de la liberté menacent de mort les citoyens qui ont le malheur de ne pas raisonner comme eux. Serait-ce ainsi qu’on voudrait nous prouver que la Convention nationale est libre ? Il y aura des troubles dans Paris, et c’est vous qui les annoncez. J’admire la sagacité d’une pareille prophétie. Ne vous semble-t-il pas, en effet, très-dificile, citoyens, de prédire l’incendie d’une maison, alors qu’on y porte soi-même la torche qui doit l’embraser ?

» Oui, ils veulent la guerre civile, les hommes qui font un principe de l’assassinat, et qui en même temps désignent comme amis de la tyrannie les victimes que leur haine veut immoler. Ils veulent la guerre civile, les