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du duc d’Orléans, et de faire de son exil un objet de négociation avec Robespierre pour obtenir en échange la concession de l’appel au peuple et de la vie du roi.


XXI

Mais ces diversions impuissantes égaraient, sans la suspendre, la passion publique, qui revenait toujours au Temple. Pendant que les commissaires nommés par la Convention accomplissaient auprès du roi la mission dont le décret les avait chargés, Robert Lindet, député de l’Eure, une de ces mains qui rédigent avec impassibilité et sang-froid ce que les passions inspirent aux corps politiques, lut un second acte d’accusation. Le procès étant décidé, on se disputait déjà sur la mesure de l’appel au peuple. Les Girondins persistaient à demander cette révision du jugement après le procès. Ils étaient soutenus dans cette opinion par tous ceux des membres de la Convention qui, sans appartenir à l’un des deux partis en présence, voulaient refuser à la vengeance cruelle de la république un sang qu’ils ne se croyaient pas en droit de répandre, et dont la république n’avait pas soif. Leurs discours, accueillis, pendant qu’ils les prononçaient, par les sarcasmes et les gestes menaçants des tribunes, se perdaient dans la clameur générale, mais devaient trouver plus tard au moins un écho honorable pour leur nom dans la conscience