Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/479

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son nom. Une fortune immense, des relations intimes avec les grands d’Angleterre, le nom de Bourbon pour les puissances étrangères, le nom d’Égalité pour les Français, des enfants dont le jeune et bouillant courage peut être aisément séduit par l’ambition : c’en est trop pour que Philippe puisse exister en France sans alarmer la liberté. S’il l’aime, s’il l’a servie, qu’il achève son sacrifice, et nous délivre de la présence d’un descendant des Capets. Je demande que Philippe et ses fils, et sa femme et sa fille, aillent porter ailleurs que dans la république le malheur d’être nés près du trône, d’en avoir connu les maximes et reçu les exemples, et de porter un nom qui peut servir de ralliement à des factieux, et dont l’oreille d’un homme libre ne doit plus être blessée. »

Cette proposition, appuyée par Louvet, combattue par Chabot, reprise par Lanjuinais, suspecte à Robespierre, agita quelques jours la Convention et les Jacobins, et fut ajournée, en ce qui concernait le duc d’Orléans, après le procès du roi. Le but des Girondins en faisant cette proposition était double : ils voulaient, d’un côté, s’accréditer dans le parti violent en flattant la passion du peuple et même son ingratitude par un ostracisme plus sévère et plus complet que l’ostracisme du roi seul ; ils voulaient, de l’autre, jeter sur Robespierre, sur Danton et sur Marat, le soupçon d’une connivence secrète avec la royauté future du duc d’Orléans. « Si ces démagogues défendent le duc d’Orléans, se disaient-ils, ils passeront pour ses complices ; s’ils l’abandonnent, nous aurons dans la Convention son vote, sa personne, sa fortune et sa faction de moins contre nous. » Pétion, Roland et Vergniaud paraissent avoir eu encore une autre pensée : celle d’intimider les Jacobins sur le sort