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ses amis et confondu ses ennemis. « Vois ce triomphe ! disait Marat à Camille Desmoulins, assis près de lui dans la salle ; ces tribunes qui restent froides, ce peuple qui se tait, sont plus sages que nous. » Robespierre lui-même méprisa la ridicule conspiration rêvée par Chabot, et sourit pour la dernière fois à la beauté et à l’innocence de madame Roland.


XX

Les Girondins, à leur tour, voulurent faire une diversion au procès du roi et jeter un défi aux Jacobins en proposant l’expulsion du territoire de tous les membres de la maison de Bourbon, et notamment du duc d’Orléans. Buzot se chargea de proposer cet ostracisme. « Citoyens, dit-il, le trône est renversé, le tyran ne sera bientôt plus, mais le despotisme vit encore. Comme ces Romains qui, après avoir chassé Tarquin, jurèrent de ne jamais souffrir de roi dans leur ville, vous devez à la sûreté de la république le bannissement de la famille de Louis XVI. Si quelque exception devait être faite, ce ne serait pas sans doute en faveur de la branche d’Orléans. Dès le commencement de la Révolution, d’Orléans fixa les regards du peuple. Son buste, promené dans Paris le jour même de l’insurrection, présentait une nouvelle idole. Bientôt il fut accusé de projets d’usurpation, et s’il est vrai qu’il ne les ait pas conçus, il paraît du moins qu’ils existaient, et qu’on les couvrait de