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nous votions par acclamation la mort du tyran. Eh bien, moi, je vous rappelle au plus grand calme. C’est avec sagesse qu’il faut prononcer. » L’Assemblée s’étonne, les députés se regardent et semblent douter de ce qu’ils ont entendu. Marat, élevant plus haut la voix, reprend avec gravité : « Oui, ne préparons pas aux ennemis de la liberté le prétexte des calomnies atroces qu’ils feraient pleuvoir sur nous, si nous nous abandonnions à l’égard de Louis XVI au seul sentiment de notre force et de notre colère. Pour connaître les traîtres, car il y en a dans cette Assemblée (plusieurs voix : « Nommez les traîtres ! »), pour connaître les traîtres avec certitude, je vous propose un moyen infaillible, c’est que le vote de tous les députés sur le sort du tyran soit publié ! » Les applaudissements des tribunes poursuivent Marat jusque sur son banc.


XVIII

Chabot, après Marat, sur la dénonciation d’un nommé Achille Viard, aventurier qui cherchait l’importance dans des relations équivoques avec tous les partis, accusa les Girondins, et spécialement madame Roland, de s’entendre avec Narbonne, Malouet et d’autres constitutionnels réfugiés à Londres, pour sauver le roi et pour intimider la Convention par un rassemblement de dix mille républicains modérés qui ne voulaient pas la mort du tyran. Cette conspiration imaginaire, rêvée par Chabot, Bazire, Merlin et