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priment, ils les replongent dans le néant ! Dans quelle république la nécessité de punir les rois fut-elle litigieuse ? Tarquin fut-il appelé en jugement ? Qu’aurait-on dit à Rome si des citoyens s’étaient déclarés ses défenseurs ? Et nous, nous appelons des avocats pour plaider la cause de Louis XVI ? Nous pourrons bien un jour leur décerner des couronnes civiques ! car, s’ils défendent une cause, ils pourront espérer de la faire triompher ; autrement, nous ne donnerions à l’univers qu’une ridicule comédie de justice. (On applaudit.) Et nous osons parler de république ! Ah ! nous sommes si tendres pour les oppresseurs parce que nous sommes sans entrailles pour les opprimés ! Quelle république que celle que ses fondateurs mettent en cause, et à laquelle ils suscitent eux-mêmes des adversaires pour oser l’attaquer dans son berceau ! Il y a deux mois, qui eût pu soupçonner seulement qu’on parlerait ici de l’inviolabilité des rois ? Et aujourd’hui un membre de la Convention nationale, le citoyen Pétion, vous présente cette idée comme l’objet d’une délibération sérieuse ! Ô crime ! ô honte ! la tribune du peuple français a retenti du panégyrique de Louis XVI ! Louis combat encore contre nous du fond de son cachot, et vous demandez s’il est coupable et si on peut le traiter en ennemi ! Permettez-vous qu’on invoque en sa faveur la constitution ? S’il en est ainsi, la constitution vous condamne ; elle vous défendait de le renverser ! Allez donc aux pieds du tyran implorer son pardon et sa clémence !…

» Mais, nouvelle difficulté, à quelle peine le condamnerons-nous ? « La peine de mort est trop cruelle, dit celui-ci. — Non, dit l’autre, la vie est plus cruelle encore, il faut le condamner à vivre. » Avocats ! est-ce par pitié ou par