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mission, c’est de parler, et il parle toujours. Il crée des disciples, il a des gardes pour sa personne. Il harangue les Jacobins quand il peut s’y faire des sectateurs. Il se tait quand sa parole pourrait nuire à sa popularité. Il refuse les places où il pourrait servir le peuple, et brigue les postes d’où il pourrait le persuader. Il se montre quand il peut faire sensation ; il disparaît quand la scène est remplie par d’autres. Il a tous les caractères d’un chef de religion. Il s’est fait une réputation de sainteté. Il parle de Dieu et de la Providence ! Il se dit l’âme des pauvres et des opprimés. Il se fait suivre par les femmes et par les faibles d’esprit. Robespierre est un prêtre et ne sera jamais autre chose ! »


XI

De son côté, Marat, absent de la Convention et rentré dans son souterrain des Cordeliers depuis l’insulte de Westermann et les menaces des fédérés, dénonça de là au peuple la faction de la Gironde comme une conjuration permanente contre la patrie. « Ce n’est pas moi seulement, écrivait-il, qu’ils contraignent à chercher sa sûreté dans un sombre caveau pour se mettre à l’abri du fer de leurs brigands ; l’atroce faction s’acharne contre Robespierre, Danton, Panis et tous les députés qu’ils ne peuvent amener à composer avec la peur. Ils dressent leurs listes de proscrits sous les auspices de leur patron Roland. Et qui sont