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massacres de septembre, dans l’espoir que son complice d’autrefois et son ennemi d’aujourd’hui, le libelliste Morande, dépositaire de ses secrets, périrait sous la hache du peuple. « Et tu te vantes avec tes amis, lui disait Chabot, d’être le héros du 10 août, toi qui t’es caché dans ton comité jusqu’au moment où il fut question de t’emparer du ministère sous la responsabilité de Roland et de Clavière ! Le héros du 10 août, toi qui quelques jours auparavant lisais un discours applaudi des royalistes, où tu te déclarais le défenseur du roi ! Les héros du 10 août, toi et tes amis ! Est-ce ton ami Vergniaud, qui concluait son discours sur la déchéance par un message au roi, destiné à endormir la nation jusqu’à l’arrivée de Brunswick ? Est-ce Jérôme Pétion, qui avait empêché l’insurrection du 28 juillet et qui me gourmandait, le 9 août, parce que je voulais sonner le tocsin ! Est-ce ton ami Lasource, qui demandait, le 8 août, le renvoi des fédérés, vainqueurs le 10 ? Est-ce Vergniaud encore, qui, président de l’Assemblée, le matin de cette journée, jurait de mourir pour maintenir les droits constitutionnels du roi ? Est-ce ton parti enfin, qui, pendant que le canon du peuple renversait le château, faisait décréter qu’il serait nommé un gouverneur au prince royal ? Va, je laisse l’opinion publique juger entre l’ex-capucin Chabot et l’ancien espion de police Brissot ! » La conclusion de toutes ces philippiques des Jacobins contre Roland, Brissot, Pétion, Vergniaud, était le défi porté aux Girondins de reculer dans le procès de Louis XVI et de refuser cette tête au peuple, à moins de s’avouer traîtres à la patrie.

Dans la même séance des Jacobins, Robespierre repoussa, comme Danton l’avait fait à la Convention, la