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tentions de Brissot, de Sieyès, de Pétion, de Condorcet, de Guadet, de Gensonné. Ils brûlaient de voir éclater au grand jour ces répugnances et ces scrupules, pour en faire un signe de réprobation contre les amis de Roland. Le procès du roi allait séparer les faibles des forts ; le peuple demandait ce jugement comme une satisfaction, les partis comme un dernier combat, les ambitieux comme le gage du gouvernement de la république entre leurs mains.


II

Pétion demanda le premier à la Convention que la question d’inviolabilité du roi fût posée, et qu’on délibérât avant tout sur ce préliminaire indispensable à tout jugement : « Le roi peut-il être jugé ? » Morisson prétendit que l’inviolabilité déclarée par la constitution de 1791 couvrait la personne du souverain contre tout autre jugement que le jugement de la victoire, et que toute violence de sang-froid contre sa vie serait un crime. « Si, le 10 août, dit-il, j’avais trouvé Louis XVI le poignard à la main, couvert du sang de mes frères ; si j’avais vu bien clairement, ce jour-là, que c’était lui qui avait donné l’ordre d’égorger les citoyens, j’aurais été le frapper moi-même. Mais plusieurs mois se sont écoulés depuis ce jour. Il est entre nos mains, il est sans armes, sans défense, et nous sommes Français. Cette situation est la loi des lois. »