Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/430

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bre à une autre, en affectant de passer près du factionnaire et en lui adressant un signe muet d’intelligence. « Oh ! monsieur, dit cet homme à Cléry quand le roi se fut retiré, que le roi est bon ! Comme il aime ses enfants ! Non, je ne croirai jamais qu’il nous ait fait tant de mal ! »

Une autrefois un jeune homme, placé en sentinelle à l’extrémité de l’allée des Marronniers, exprimait par la bienveillance peinte dans sa physionomie et par ses larmes la douleur que lui inspirait la captivité de la famille de ses rois. Madame Élisabeth s’approcha de ce jeune homme pour échanger quelques mots furtifs avec cet ami inconnu de son frère. Il fit signe à la princesse qu’un papier était sous les décombres qui jonchaient cette partie de l’allée. Cléry se pencha pour ramasser ce papier, en feignant de chercher des briques plates pour servir de palets au Dauphin. Les canonniers s’aperçurent du geste de ce factionnaire. Ses yeux humides l’accusaient. On le conduisit à l’Abbaye et de là au tribunal révolutionnaire, qui lui fit payer cette larme de son sang.


XXVII

Toute la famille ayant été malade et alitée tour à tour par suite de l’humidité des murs et des premiers froids de l’hiver, la commune autorisa, après de longues formalités, l’introduction dans la prison du premier médecin du roi, M. Lemonnier. Ses soins rétablirent promptement la reine,