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ainsi dévolus à un petit nombre d’hommes, l’écume du conseil de la commune ; presque tous artisans sans éducation, sans pudeur, jouissant avec orgueil de cet arbitraire que la fortune leur donnait sur un roi descendu au-dessous d’eux, et croyant avoir sauvé la république chaque fois qu’ils avaient arraché une larme.


XVII

Vers la fin de septembre, au moment où le roi allait sortir de la chambre de la reine, après le souper, pour remonter dans son appartement, six officiers municipaux entrèrent avec appareil dans la tour. Ils lurent au roi un arrêté de la commune qui ordonnait sa translation dans la grande tour et sa séparation complète du reste de sa famille. La reine, Madame Élisabeth, la princesse royale, le jeune Dauphin, enlaçant le roi dans leurs bras et couvrant ses mains de baisers et de larmes, essayèrent en vain de fléchir les municipaux et d’obtenir cette dernière consolation des infortunés : souffrir ensemble. Les municipaux, Simon, Rocher lui-même, quoique attendris, n’osèrent modifier l’inflexibilité de l’ordre. On fouilla avec la plus stricte inquisition les meubles, les lits, les vêtements des prisonniers ; on les dépouilla de tous les moyens de correspondance au dehors : papier, encre, plumes, crayons ; faisant cesser ainsi les leçons que le prince royal commençait à recevoir de ses parents, et condamnant l’héritier d’un