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l’entourait, inculte et vide comme le palais. À quelques pas de cette demeure s’élevait le donjon ou château autrefois fortifié du Temple. Sa masse abrupte et noire se dressait d’un seul jet du sol vers le ciel ; deux tours carrées, l’une plus grande, l’autre plus petite, accolées l’une à l’autre comme un faisceau de murs, portant chacune à leurs flancs d’autres tourelles suspendues, et se couronnant autrefois de créneaux à leur extrémité, formaient le groupe principal de cette construction. Quelques bâtiments bas et plus modernes s’y adossaient, et ne servaient, en disparaissant sous leur ombre, qu’à en relever la hauteur. Ce donjon et cette tour étaient construits en larges pierres taillées de Paris, dont les excoriations et les cicatrices marbraient les murailles de taches jaunâtres et livides sur le fond noir qu’impriment la pluie et la fumée aux monuments du nord de la France.

La grande tour, presque aussi élevée que les tours d’une cathédrale, n’avait pas moins de soixante pieds de la base au faîte. Elle renfermait entre ses quatre murs un espace de trente pieds carrés. Un énorme pilier en maçonnerie occupait le centre de la tour et montait jusqu’à la flèche de l’édifice. Ce pilier, s’élargissant et se ramifiant à chaque étage, allait appuyer ses arceaux sur les murs extérieurs, et formait quatre voûtes successives qui portaient quatre salles d’armes. Chacune de ces salles communiquait à des réduits plus étroits nichés dans les tourelles. Les murs de l’édifice avaient neufs pieds d’épaisseur. Les embrasures des rares fenêtres qui l’éclairaient, très-larges à l’ouverture dans la salle, s’enfonçaient en se rétrécissant jusqu’à la croisée de pierre, et ne laissaient qu’un air rare et une lumière lointaine pénétrer dans l’intérieur. Des barreaux de