Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/375

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

desquelles ils se seraient élevés seuls par le mouvement qu’ils auraient imprimé.

Ils ne cachaient pas leur prédilection pour la forme du gouvernement anglais ou pour des institutions sénatoriales qui constitueraient, sinon la royauté d’un homme, du moins la suprématie d’une classe. Les plus avancés de ces hommes d’État révélaient des tendances américaines et fédératives, qui, en divisant la république en groupes distincts et indépendants, permettraient aux influences et aux familles provinciales de devenir des oligarchies de département.

Sans descendre jusqu’à la turbulente démagogie de Marat, la politique de Robespierre embrassait dans ses plans d’émancipation et d’organisation le peuple tout entier. Tous les hommes citoyens, tous les citoyens souverains, et exerçant, selon des formes déterminées par la constitution, leur part égale de souveraineté, la justice et l’égalité parfaites, fondées sur les droits de la nature, et distribuant à parts équitables entre toutes les conditions et tous les individus les bénéfices et les charges de l’association commune ; les fruits héréditaires du travail conservés dans la propriété, base de la famille ; mais la loi des successions et l’équité de l’État frappant sans cesse le riche de charges plus lourdes, soulageant sans cesse le pauvre de secours plus abondants, et tendant sans cesse ainsi à niveler les fortunes à l’exemple des droits et des castes nivelés ; une religion civique renfermant dans son symbole, exprimant dans son culte les dogmes rationnels, les formules morales et les aspirations pieuses qui font croire, espérer et agir l’humanité ; en trois mots, un peuple, un magistrat, un Dieu ; la loi divine, autant que possible, ex-