Roland, Pétion, Brissot, Vergniaud, les députés girondins, les fédérés des départements, les Marseillais de Barbaroux et la bourgeoisie de Paris, se formaient en deux factions qui allaient se déchirer en se disputant la république. Tel était l’aspect de la Convention.
XXIX
Mais ce n’était pas seulement l’ambition de gouverner la république qui créait ces deux grandes factions. Ces divisions avaient leur cause dans la différence de dogmes révolutionnaires professés par chacun des deux partis, et dans la politique diverse que cette diversité de dogmes inspirait à leurs chefs. Les Girondins n’étaient que des démocrates de circonstance. Robespierre et les Montagnards étaient des démocrates de principes. Les premiers n’aspiraient, comme l’Assemblée constituante et Mirabeau, qu’à renverser les vieilles aristocraties de l’Église, de la noblesse et de la cour, pour les remplacer par les aristocraties plus modernes de l’intelligence, des lettres et de la fortune. Le bouleversement social provoqué par les Girondins s’arrêtait aux premières couches de la société. Un trône, une église et une noblesse une fois supprimés au sommet de l’État, ils voulaient garder tout le reste. Leur génie et leur orgueil satisfaits, ils prétendaient arrêter la Révolution, poser la borne de la démocratie derrière eux, et laisser subsister en bas toutes les inégalités et toutes les injustices, au-dessus