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le défi ne fût pas porté ; mais, une fois porté, celui qui aurait reculé était perdu et laissait non-seulement sa popularité, mais sa vie, dans les mains de l’autre. Ils allaient se frapper ou se défendre à travers le corps du roi. Ce n’était aucune faction, ce n’était aucune opinion, ce n’était aucun homme qui immolait le roi ; c’était l’antagonisme de toutes ces opinions et de toutes ces factions. Son procès devenait le champ de bataille des partis. Sa tête n’était pas la dépouille, mais le signe apparent et cruel du patriotisme. Nul ne voulait laisser ce signe à ses adversaires. Dans cette lutte, le roi devait tomber sous les mains de tous.

Ce parti adopté, les Girondins, et Roland surtout, voulurent se hâter d’enlever ce texte de trouble et de division dans la république. Maîtres du comité de législation, ils firent charger d’abord Valazé, puis Mailhe, de faire le rapport à la Convention sur les crimes, puis sur le jugement du roi. Ils voulaient enlever à Robespierre l’initiative de l’accusation, et imprimer un caractère judiciaire au procès du roi, pour que la lenteur et la solennité des formes donnassent du temps au sang-froid, à la justice et au retour d’opinion en faveur de la clémence.

Valazé fit ce premier rapport, long catalogue des crimes de Louis XVI. Danton se leva après la lecture de ce rapport, et demanda l’impression et l’étude approfondie de toutes les pièces et de toutes les opinions qui se rapporteraient à cette grande cause. L’intention cachée d’éluder la discussion par des délais d’instruction était visible dans les paroles de Danton. « Dans une pareille matière, disait-il, il ne faut pas épargner les frais d’impression. Toute opinion qui paraîtrait mûrie, quand elle ne contiendrait qu’une bonne idée, doit être publiée. La dissertation du rapporteur