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fluence dans la Convention ; ils parleraient et voteraient individuellement, chacun selon l’exaltation de son patriotisme ou la magnanimité de sa modération, sans que l’opinion d’aucun des membres du parti pût caractériser l’opinion du parti lui-même. Les opinions dans le jugement seraient individuelles ; mais une fois le jugement rendu, tous s’accorderaient à demander que ce jugement fût revisé souverainement par le peuple. Ils déchargeraient ainsi leur responsabilité. C’est ce que l’on appela l’appel au peuple. Sous la réserve de cette mesure, qui apaisait la conscience des uns, qui abritait la popularité des autres, et qui concédait aux circonstances non la tête, mais le jugement du roi, le procès fut résolu. Le procès accordé sous l’empire d’un ressentiment national que trois mois n’avaient pu calmer, et sous la menace des armées étrangères, qui poussait le peuple aux coups désespérés, il était facile de prévoir qu’aucun parti ne pourrait sauver la victime.


XXVII

Ainsi ni Robespierre, ni Danton, ni Marat, ni les Girondins n’avaient soif du sang de Louis XVI, et ne croyaient à l’utilité politique de son supplice. Isolés, chacun de ces hommes et chacun de ces partis aurait sauvé le roi. Mais, face à face et luttant de popularité et de républicanisme entre eux, ces partis et ces hommes acceptaient le défi qu’ils se jetaient mutuellement. Tous auraient préféré que