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XXV

L’autre opinion, tout en confessant l’inutilité de ce meurtre après le combat, regardait Louis XVI comme un criminel de lèse-nation que la nation avait le droit de frapper en vengeance du peuple et en exemple aux rois. Fonfrède, Ducos, Valazé et quelques esprits rigides, que l’exemple des tyrans antiques immolés pour cimenter la liberté des peuples fascinait, et que le spectacle des vicissitudes humaines et l’attendrissement sur les victimes n’avaient pas encore fléchis, opinaient dans ce sens : « Louis XVI va laisser sa tête sur l’échafaud, écrivait vers ce temps Fonfrède à ses frères de Bordeaux. Cet événement, simple en lui-même, envisagé par chacun de nous sous différents aspects, est aussi diversement attendu de chacun. Un reste de superstition mêlé à je ne sais quelle inquiétude sur l’avenir le fait redouter de quelques âmes timorées ; mais le grand nombre le désire, et la liberté, l’égalité, le commandent autant que la justice universelle. Le sacrifice est grand. Condamner un homme à la mort ! Mon cœur se révolte, il gémit ; mais le devoir parle, je fais taire mon cœur. La peine est juste, très-juste ; je n’en veux point d’autre garant que la sécurité de ma conscience. Quelques membres de l’Assemblée croient qu’il serait utile de surseoir jusqu’à la paix. C’est une demi-mesure. Elle ne vaut rien. Nous nous perdons si nous nous épouvantons de