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bien. Il a eu quelque temps la passion de gouverner. Cette passion est éteinte en lui. »

Enfin Brissot, affilié par ses jeunes amis aux patriotes du Midi, se plaignait à eux dans ces lignes retrouvées dans les papiers de la Gironde : « Les ennemis de la vraie liberté m’abreuvent d’amertume. Je soutiens jour et nuit un rude combat contre les hommes qui ont juré la perte de la république. Nos convulsions ne sont point à leur terme. La faction de l’anarchie prend de la consistance. Il nous sera plus difficile maintenant de la vaincre. Je l’ai dit dès l’origine de cette Convention : c’est la troisième révolution que nous ayons à faire, la révolution de l’anarchie. Ô mes amis, persévérez. Vous avez senti que l’ordre et la loi pouvaient seuls garantir la liberté. Au milieu des orages qui nous entourent ici et qui agitent la ville d’où je vous écris, c’est une douce consolation pour moi de contempler la tranquillité dont vous jouissez. C’est l’apologie la plus éloquente du système de république que déshonorent les dissensions et le despotisme de Paris. »


XXI

Vergniaud, Ducos, Fonfrède, Grangeneuve, Condorcet, Sieyès, s’entretenaient tous les soirs de la situation de la république dans la maison d’une femme remarquable par son esprit et par son républicanisme, à laquelle les députés de la Gironde avaient été recommandés par leur banquier