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10 août provoquent contre nous les poignards, ne sont-ils tourmentés que par l’ambition de paraître sans cesse à la tribune ; peut-être qu’ils auront le talent et le bonheur d’y servir la chose publique mieux que nous. N’empêchons pas par orgueil le bien qu’ils pourraient faire. Ah ! que désirons-nous autre chose que de servir notre malheureuse patrie ? » Alors je me voue au silence et me renferme dans les travaux des comités. Une autre raison me tient dans le silence. Dans le choc des passions personnelles, qui peut répondre qu’il sera toujours maître des mouvements de son âme ? Tôt ou tard on paye tribut à la faiblesse humaine, et nous devons compte à la république de tous nos écarts. Eh bien, que font ces éternels diffamateurs ? Ils redoublent de fureur pour calomnier, dans la Convention, dans les armées, dans toutes les places importantes, les hommes qui ont été utiles à la république. Ils accusent tout l’univers d’intrigues, pour que l’attention générale se détourne ainsi de leurs propres complots. Qui n’applaudit pas aux massacres est un aristocrate pour eux. Qui les applaudit est vertueux. Ils nous pressent de prononcer d’acclamation sur le sort de Louis XVI, sans formes, sans preuves, sans jugement. Il font circuler d’infâmes libelles contre la Convention, des panégyriques ridicules du duc d’Orléans. Ils provoquent dans les sections de nouvelles insurrections du 10 août. Ils prônent des lois agraires. Les tueurs du 2 septembre, associés à des prêtres se disant patriotes, méditent et affichent des listes de proscription. Ils parlent hautement de se donner un chef et à la république un maître. Le zèle de pareils hommes à demander la mort de Louis XVI me paraît, je l’avoue, suspect. Ils veulent, par la précipitation d’un jugement qui