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pétitions qu’il formulerait comme citoyen ? Veut-il être accusateur ? Ce n’est pas à la barre, c’est ici ou devant les tribunaux qu’il doit s’expliquer. Que signifient toutes ces accusations de dictature et de triumvirat ? Ne donnons pas d’importance à des hommes que l’opinion publique saura mettre à leur place. Ne faisons pas des piédestaux à des pygmées ! Citoyens ! s’il existait dans la république un homme né avec le génie de César ou l’audace de Cromwell, un homme qui, avec le talent de Sylla, en aurait les dangereux moyens, un tel homme pourrait être à craindre, et je viendrais l’accuser devant vous. S’il existait ici quelque législateur d’un grand génie ou d’une ambition vaste, je demanderais d’abord s’il a une armée à ses ordres, ou un trésor public à sa disposition, ou un grand parti dans le sénat ou dans la république. Mais des hommes d’un jour, de petits entrepreneurs de révolutions, des politiques qui n’entreront jamais dans le domaine de l’histoire, ne sont pas faits pour occuper le temps précieux que nous devons à la nation. » On applaudit. Il propose l’ordre du jour, signe de mépris. « Gardez votre ordre du jour, répond sèchement Robespierre, je n’en veux pas, s’il doit contenir un préambule injurieux contre moi ! » La Convention vote l’indifférence et la neutralité entre les accusateurs et l’accusé. « Périssent les ambitieux, et avec eux nos soupçons et nos défiances ! » s’écrie Rabaut Saint-Étienne.