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de maximes philosophiques ; il avait ensuite rédigé le Point du jour et demandé un des premiers la république, quand il avait vu le trône chanceler. Dans la journée du 10 août, envoyé avec Grégoire au-devant du roi dans le jardin des Tuileries, il avait porté avec sollicitude dans ses bras le jeune Dauphin. Nommé à la Convention, ses opinions républicaines, ses études, ses liaisons, son origine méridionale, son talent plus fleuri que populaire, semblaient devoir l’attacher aux Girondins. Il penchait en effet de leur côté pendant les premiers jours ; il croyait à leur génie, il admirait leur éloquence, il sentait la dignité de leur esprit, il goûtait la modération de leur système. Mais il avait vu la force du peuple au 10 août et au 2 septembre, le regard du lion l’avait fasciné. Il avait peur de Marat, Danton l’étonnait, il se défiait de Robespierre. L’étoile de ces trois hommes pouvait avoir des retours. Il ne voulait pas se dévouer en victime à leur vengeance, s’ils venaient à triompher.

Il s’était placé à égale distance des deux partis, au centre, qu’on appelait la Plaine : médiateur ou auxiliaire tour à tour, selon les hommes, selon le jour, selon la majorité. Cette Plaine, composée d’hommes prudents ou d’hommes médiocres, qui se taisaient par prudence ou par médiocrité, avait besoin d’un orateur. Barère s’offrit. Il se levait pour la première fois, et l’on retrouvait dans son attitude, dans son acte et dans ses paroles, toute l’hésitation équivoque des âmes qui empruntaient sa voix :

« Citoyens, dit Barère, en voyant descendre à la barre Barbaroux, un de nos collègues, je ne puis m’empêcher de m’opposer à ce qu’il soit entendu. Veut-il être pétitionnaire ? Il oublie donc qu’il doit juger comme député les