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10 août, avaient eu la prudence de se réfugier hors de Paris, et qui dénoncent, depuis qu’elle a triomphé pour eux, la commune de Paris. — Des actes illégaux ? Est-ce donc le code criminel à la main qu’on sauve la patrie ? Que ne nous reprochez-vous aussi d’avoir brisé les plumes mercenaires dont le métier était de propager l’imposture et d’outrager la liberté ? Que ne nous reprochez-vous aussi d’avoir consigné les conspirateurs hors de Paris, d’avoir désarmé nos ennemis ? Tout cela était illégal, sans doute. Oui, illégal comme la chute de la Bastille, illégal comme la chute du trône, illégal comme la liberté !

» Citoyens, voulez-vous une révolution sans révolution ? Quel est cet esprit de persécution qui veut réviser, pour ainsi dire, celle qui a brisé nos fers ? et qui peut donc, après coup, marquer le point précis où devaient se briser les flots de l’insurrection populaire ? Quel peuple, à ce prix, pourrait jamais secouer le despotisme ? Les hommes du 10 août ne pourraient-ils pas dire à leurs accusateurs : « Si vous nous désavouez, désavouez donc aussi la victoire ! Reprenez votre joug, vos lois, votre trône antique. Restituez-nous, avec le sang que nous avons versé, le prix de nos sacrifices et de nos combats !… »

» Quant aux journées des 2 et 3 septembre, ceux qui ont dit que j’avais eu la moindre part à ces événements sont des hommes ou bien crédules ou bien pervers ! J’abandonne leur âme au remords, si leur âme peut connaître le remords ! — À cette époque, j’avais cessé de siéger à la commune et j’étais renfermé chez moi !… » Robespierre explique ici, sans justifier ces horreurs, la connexité du 10 août et du 2 septembre, et l’impossibilité où était la commune de prévenir les conséquences de l’agitation générale.