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cessé de condamner ? Mais j’ai parlé, dit-on, sans relâche aux Jacobins, et j’ai exercé une influence exclusive sur ce parti. Depuis le 10 août, je n’ai pas abordé dix fois la tribune des Jacobins. Avant le 10 août, je travaillais avec eux à préparer la sainte insurrection contre la tyrannie et la trahison de la cour et de La Fayette. Mais les Jacobins alors, c’était la France révolutionnaire ! Et vous qui m’accusez, vous étiez avec La Fayette ! Les Jacobins ne suivaient pas vos conseils, et vous voudriez faire servir la Convention nationale à venger les disgrâces de votre amour-propre. La Fayette aussi demandait des décrets contre les Jacobins. Voulez-vous, comme lui, diviser le peuple en deux peuples, l’un adulé, l’autre insulté et intimidé, les honnêtes gens et les sans-culottes ou la canaille ? — Mais j’ai accepté le titre d’officier municipal ? — Je réponds d’abord que j’ai abdiqué, dès le mois de janvier 1791, la place lucrative et nullement périlleuse d’accusateur public. — J’entrai dans la salle en maître ? C’est-à-dire qu’en entrant j’allai faire vérifier mes pouvoirs au bureau.

» Je ne fus nommé que le 10 août. Je suis loin de prétendre à ravir l’honneur du combat et de la victoire à ceux qui siégeaient à la commune avant moi dans cette nuit terrible, qui armèrent les citoyens, dirigèrent les mouvements, déconcertèrent la trahison, arrêtèrent Mandat, porteur des ordres perfides de la cour ! Il y avait des intrigants dans le conseil général, dit-on ; qui le sait mieux que moi ? Ils sont au nombre de mes ennemis. On reproche à ce corps des arrestations arbitraires ? Quand le consul de Rome eut étouffé la conspiration de Catilina, Clodius l’accusa d’avoir violé les lois. J’ai vu ici de tels citoyens qui ne sont pas des Clodius, mais qui, quelque temps avant la journée du