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Le lendemain, Barbaroux aggrava et précisa les complots de Robespierre.

Les Jacobins et les sections tremblèrent pour leur idole. Le peuple se répandit tous les soirs après ces discours autour de la maison de Robespierre. On répandit dans les faubourgs le bruit qu’il avait été assassiné. On ne l’avait vu ni aux Jacobins ni à la Convention, depuis la dénonciation de Louvet. Il devait répondre le lundi 5 novembre. Les tribunes de la Convention, assiégées dès le point du jour par les attroupements des deux partis, étaient partagées en deux camps, qui préludaient aux combats de la parole par les gestes, les menaces. Le président appela enfin Robespierre à la tribune. Il y monta plus pâle que jamais. En attendant le silence, ses doigts convulsifs frappaient la table de la tribune, comme le musicien qui interroge avec distraction les notes d’un clavier. Aucun geste, aucun sourire affectueux ne l’encourageaient dans l’Assemblée. Tous les regards étaient hostiles, toutes les bouches dédaigneuses, tous les cœurs fermés. Il commença d’une voix grêle et aiguë, où l’on sentait le tremblement de la colère étouffé par la décence du sang-froid.


XII

« Citoyens ! de quoi suis-je accusé ? dit-il après un court appel à la justice de ses collègues. D’avoir conspiré pour parvenir à la dictature, au tribunat ou au triumvirat. On