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lomnies dans la première semaine de septembre, c’est-à-dire dans des jours où les calomnies étaient des coups de poignard ! Je t’accuse d’avoir, autant qu’il était en toi, avili et proscrit les représentants de la nation, leur caractère, leur autorité ! Je t’accuse de t’être constamment produit toi-même comme un objet d’idolâtrie, d’avoir souffert que devant toi on te désignât comme le seul homme vertueux en France qui pût sauver le peuple, et de l’avoir dit toi-même ! Je t’accuse d’avoir évidemment marché au pouvoir suprême ! »


X

Tous les regards, tous les gestes se dirigent sur Robespierre comme autant de témoins muets de l’accusation que l’orateur foudroie contre lui. Robespierre, pâle, agité, les traits contractés par la colère, se voit abandonner de ses collègues et sent autour de lui cette atmosphère où pèse la réprobation d’une grande assemblée. Mais au fond de sa physionomie on entrevoit la joie secrète d’être jugé digne d’une accusation de dictature, qui, dans quelques termes qu’elle fût portée, était un témoignage de la puissance de son nom et une désignation nominale à l’attention du peuple. Louvet suspend un moment son discours comme pour le laisser porter de tout son poids sur l’accusé et sur la pensée des juges. Il reprend, en se tournant avec une expression de mépris sur les lèvres du côté de Marat : « Mais au milieu