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mier abord la noblesse de son front, le feu qui s’allume dans ses yeux et l’impressionnabilité de ses traits à l’expression d’une grande vérité ou d’un beau sentiment. Il est impossible de réunir plus d’intelligence et plus de simplicité et d’abandon. Courageux comme le lion, doux comme l’enfant, il peut faire trembler Catilina à la tribune, tenir le burin de l’histoire, ou répandre la tendresse de son âme sur la vie d’une femme aimée. »

Une amitié ferme et virile les attacha bientôt l’un à l’autre. Louvet découvrit à madame Roland le mystère de son amour et lui fit connaître Lodoïska. Ces deux femmes se comprirent par la politique et par l’amour. Elles se virent peu et furtivement. La maîtresse de Louvet cachait sa vie dans l’ombre. L’épouse respectée du ministre ne pouvait avouer l’intimité avec une femme que l’amour seul unissait à Louvet.


VIII

Louvet écrivit pour Roland la Sentinelle, journal des Girondins, où le plus ardent républicanisme s’associait au culte de l’ordre et de l’humanité. Au 10 août, il avait sauvé des victimes. Au 2 septembre, il avait flétri les bourreaux. Élu à la Convention, il avait quitté son ermitage. Il habitait maintenant un modeste appartement dans la rue Saint-Honoré, près de la salle des Jacobins. Dévoué de conviction et d’amitié aux opinions de la Gironde, il formait avec