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à conquérir et à maintenir leur liberté, voilà notre œuvre. L’Europe a les yeux ouverts sur la Convention. La journée du 2 septembre impunie a repoussé l’Europe de nos principes. Qu’il se lève, qu’il paraisse aux yeux de la France, le scélérat qui peut dire : « J’ai ordonné ces massacres ; j’ai exécuté de ma main vingt, trente de ces victimes ; » qu’il se lève : et si la terre ne s’entr’ouvre pas pour ensevelir ce monstre, si la France le récompensait au lieu de l’écraser, il faudrait fuir au bout de l’univers et conjurer le ciel d’anéantir jusqu’au souvenir de notre Révolution !… Je me trompe, il faudrait se transporter à Marseille. Marseille a effacé l’horreur du 2 septembre. Cinquante-trois individus, arrêtés là par le peuple, ont été jugés par le tribunal populaire. Ils ont été absous. Le peuple n’a pas assassiné. Il a exécuté lui-même la sentence, ouvert les prisons, embrassé les malheureux qui y gémissaient, et les a reconduits dans leurs maisons. Voilà les vrais républicains !… Les calomniateurs garderont-ils maintenant le silence ? »


III

Brissot, emporté jusqu’au 10 août par la logique de ses principes républicains, montrait depuis la conquête de la république une force de résistance aux factions égale à la force d’impulsion qu’il avait communiquée jusque-là à l’opinion. L’ambition dont on l’avait accusé pendant deux ans s’évanouit aux yeux des personnes impartiales. Son