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ronde, la faction nationale de ceux qui veulent l’ordre et la sûreté des personnes !… Vous ne connaissez pas ceux que vous calomniez d’appartenir à une faction. Guadet a l’âme trop fière ! Vergniaud porte trop haut cette insouciance du génie qui se fie à ses forces et qui marche seul ! Ducos est trop spirituel et trop probe ! Gensonné pense trop profondément par lui-même pour soumettre sa pensée à un chef ! Ils m’accusent d’avoir calomnié le 2 septembre ! Dites plutôt que le 2 septembre a calomnié la révolution du 10 août, avec laquelle vous voudriez le confondre. L’un le plus beau jour, l’autre le plus exécrable de nos fastes ! Mais la vérité luira sur ce jour !… Tous les satellites de Sylla ne moururent pas dans leur lit ! Et où étaient-ils au 10 août, nos calomniateurs ? Marat implorait Barbaroux pour qu’il le conduisît à Marseille. Robespierre voulait écarter de sa maison le comité d’insurrection qui s’y tenait chez Antoine, dans la crainte d’être accusé de complicité avec les conspirateurs de la république ! Les autres, ils se cachaient, à l’abri des balles, pendant que cette timide faction de la Gironde triomphait par eux. Ces Merlin, ces Chabot, où étaient-ils alors ? Ce Collot, qui appelait les rois des soleils resplendissants de gloire, où était-il ? Il ne leur a manqué que du courage pour monter au tribunat, le 2 septembre, sur les cadavres de Roland, de Guadet, de Vergniaud et sur le mien ? Ils m’accusent de fédéralisme ! Écoutez : dans le temps où Robespierre, qui n’était pas républicain, se défendait, dans son discours du 14 juillet 1791, des soupçons de républicanisme, j’avouais, moi, la république, la république unitaire, et je raillais le rêve insensé qui voudrait faire en France quatre-vingt-trois républiques confédérées. Achever de vaincre, abattre les trônes, instruire les peuples