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représentant du parti modéré et ami de Roland, obtint quatorze mille votes ; Antonelle, Billaud-Varennes, Marat, Robespierre, candidats des Jacobins, n’obtinrent qu’un nombre imperceptible de suffrages. Mais Pétion déclara dans une lettre à ses concitoyens qu’appelé à la Convention nationale il croyait devoir obéir à la nation, et qu’il ne voulait pas cumuler deux fonctions incompatibles.

Brissot, expulsé des Jacobins, attaqua la société mère de Paris dans une adresse à tous les Jacobins de France. Son épigraphe, empruntée à Salluste, rappelait les temps les plus désespérés de Rome : Qui sont ceux qui veulent asservir la république ? Des hommes de sang et de rapines ! Ce qui est union entre les bons citoyens est faction entre les pervers. « L’intrigue, disait Brissot, m’a fait rayer de la liste des Jacobins de Paris. Je viens les démasquer. Je dirai ce qu’ils sont et ce qu’ils méditent. Elle tombera, cette superstition pour la société mère dont quelques scélérats disposent pour s’emparer de la France. Voulez-vous connaître ces désorganisateurs : lisez Marat, écoutez Robespierre, Collot-d’Herbois, Chabot à la tribune des Jacobins ; voyez les placards qui salissent les murs de Paris ; fouillez les registres de proscription du comité de surveillance de la commune ; remuez les cadavres du 2 septembre ; rappelez-vous les prédications des apôtres de l’assassinat dans les départements ! Et l’on m’accuse parce que je crois à ce parti ! Accusez donc la Convention, qui les juge ; la France entière, qui les exècre ; l’Europe, qui gémit de voir souiller par eux la plus sainte des révolutions ! Ils m’appellent factieux ! J’appartiens à cette faction qui voulait la république et qui ne fut longtemps composée que de Pétion, de Buzot et de moi ! Voilà la faction de Brissot, la faction de la Gi-