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politique. Elle repoussa ainsi Danton indécis dans les rangs des ennemis des Girondins. Danton devint irréconciliable. On essaya de l’ébranler encore, et de le ramener au parti qui avait le plus d’analogie avec sa nature d’homme d’État. Il s’y prêta pour un moment. L’anarchie prolongée lui répugnait. Il feignait pour Robespierre plus de déférence qu’il n’en avait. Il avouait tout haut son dégoût pour Marat. Il estimait Roland. L’éloquence de Vergniaud l’enthousiasmait. Il était trop fort pour connaître l’envie. Son alliance avec les Girondins était facile et aurait armé les théories de Vergniaud de la force d’exécution qui manquait à cet orateur platonique. La Gironde n’avait que des têtes, Danton eût été sa main. Il inclinait vers ces hommes. Il aimait la Révolution comme un affranchi qui ne veut pas retomber dans la servitude.


XXXI

Dumouriez rêvait aussi cette réconciliation de Danton et des Girondins. Elle donnait à la France un gouvernement dont il eût été l’épée. Il réunit à sa table Danton et les principaux chefs de la Gironde. On parla d’imposer silence aux ressentiments, de ne plus remuer le sang de septembre, d’où ne sortaient que des exhalaisons mortelles à la république ; de reléguer Robespierre et Marat dans l’impuissante idolâtrie des factions, d’appeler une force départementale imposante à Paris, d’intimider les Jacobins et de