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XXI

Robespierre reprend au milieu des rires et des sarcasmes : « Que ceux qui me répondent par des éclats de rire et par des murmures se forment en tribunal et prononcent ma condamnation, ce sera le jour le plus glorieux de ma vie ! Ah ! si j’avais été homme à m’attacher à un de ces partis, si j’avais transigé avec ma conscience, je ne subirais ni ces insultes ni ces persécutions ! Paris est l’arène où j’ai soutenu ces combats contre mes ennemis et contre les ennemis du peuple ; ce n’est donc pas à Paris qu’on peut dénaturer ma conduite, car là elle a le peuple pour témoin. Il n’en est pas de même dans les départements. Députés des départements, je vous en conjure au nom de la chose publique, détrompez-vous et écoutez-moi avec impartialité ! Si la calomnie sans réponse est la plus redoutable des préventions contre un citoyen, elle est aussi la plus nuisible à la patrie ! On m’a accusé d’avoir eu des conférences avec la reine, avec la Lamballe ; on m’a rendu responsable des phrases irréfléchies d’un patriote exagéré (Marat), qui demandait que la nation se confiât à des hommes dont pendant trois ans elle avait éprouvé l’incorruptibilité ! Depuis l’ouverture de la Convention, et même avant, on renouvelle ces accusations. On veut perdre dans l’opinion publique les citoyens qui ont juré d’immoler tous les partis. On nous soupçonne d’aspirer à la dictature ; et