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tion pour le député de Paris. Robespierre, qui ne trouvait plus la faveur et le respect dont il jouissait aux Jacobins, s’embarrassa un moment dans ses paroles. Il implora le silence de la générosité de ses accusateurs. Il rappela de nouveau ses services à la Révolution.

« Mais c’est là, ajouta-t-il, que commencèrent mes crimes ; car un homme qui lutta si longtemps contre tous les partis avec un courage âcre et inflexible sans se ménager aucun parti à lui-même, celui-là devait être en butte à la haine et aux persécutions de tous les ambitieux et de tous les intrigants. Quand ils veulent commencer un système d’oppression, leur première pensée doit être d’écarter cet homme. Sans doute d’autres citoyens ont défendu mieux que moi les droits du peuple, mais je suis celui qui a pu s’honorer de plus d’ennemis et de plus de persécution. — Robespierre ! lui cria-t-on de toutes parts, dis-nous simplement si tu as aspiré à la dictature ou au triumvirat ! » Robespierre s’indigne des limites étroites qu’on prescrit à sa défense. La Convention murmure et témoigne sa lassitude par son inattention. « Abrége, abrége ! crie-t-on de tous les bancs à Robespierre. — Je n’abrégerai pas, reprend Robespierre. Je vous rappelle à votre dignité. J’invoque la justice de la majorité de la Convention contre certains membres qui sont mes ennemis… — Il y a ici unité de patriotisme, et ce n’est point par haine qu’on interrompt, » lui répond Cambon. Ducos demande que, dans l’intérêt même des accusateurs, l’accusé soit entendu avec attention.