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XX

« Citoyens, dit-il, en montant à cette tribune pour répondre à l’accusation portée contre moi, ce n’est point ma propre cause que je viens défendre, mais la cause publique. Quand je me justifierai, vous ne croirez point que je m’occupe de moi-même, mais de la patrie. Citoyen, poursuivit-il en apostrophant Rebecqui, citoyen, qui avez eu le courage de m’accuser de vouloir asservir mon pays à la face des représentants du peuple, dans ce même lieu où j’ai défendu ses droits, je vous remercie ! Je reconnais dans cet acte le civisme qui caractérise la cité célèbre (Marseille) qui vous a député. Je vous remercie ! car tous nous gagnerons à cette accusation. On m’a désigné comme le chef d’un parti qu’on signale à l’animadversion de la France comme aspirant à la tyrannie. Il est des hommes qui succomberaient sous le poids d’une pareille accusation. Je ne crains pas ce malheur. Grâces soient rendues à tout ce que j’ai fait pour la liberté : c’est moi qui ai combattu toutes les factions pendant trois ans dans l’Assemblée constituante ; c’est moi qui ai combattu la cour, dédaigné ses présents, méprisé les caresses du parti plus séduisant qui, plus tard, s’était élevé pour opprimer la liberté ! »

Des voix nombreuses, fatiguées de ce vague panégyrique de lui-même, interrompirent Robespierre en le sommant de rentrer dans la question. Tallien réclama l’atten-